lundi 26 février 2007

Okami : L'homme est un loup pour l'homme


J'ai mis beaucoup de temps à considérer ce que d'autres (icilà encore) tente de scander à tort et à travers depuis quelques années. Le jeu vidéo est-il un art ? Sa fonction ludique n'anéantit t'elle pas tout simplement toute velléité artistique ..? Puis, c'est en tombant un peu par hasard sur une définition encyclopédique tout simple du terme "art" que la réponse m'est venue naturellement : il est une création d'œuvres visant à susciter une appréciation esthétique positive, c'est-à-dire à plaire et à toucher la sensibilité par leur seule forme, par leur seule apparence

Bien sur que le jeu vidéo peut alors être considéré comme le huitième art. Encore trop jeune pour être considéré en tant que tel, ou pour avoir le recul necessaire afin d'y entrevoir une évolution, et pourtant ce medium a pris une maturité fulgurante en quelques années. Au même titre que le frisson de plaisir pourrait parcourir l'échine de celui qui contemple pour la première fois un chef d'oeuvre de David, ou apprécie les premières notes d'une pièce pour piano de de Beethoven, le joueur, tout aussi inactif et impuissant face à l'univers numérique qui se dessine devant lui est parcouru par les même émotions primaires que n'importe quel amateur d'art.

Comme dans toute discipline toutefois, la production de masse et les dures lois du marketing noient dans le magma les quelques bijous vidéo-ludiques dont il recèle. Ainsi, à travers les générations, un certain nombres de jeux garderont ce charme intemporel, cette qualité irréprochable de réalisation et cet élan artistique qui lui fera traverser les ages sans qu'aucun nouveau joueur ne rechigne à se replonger dans son univers.

Subjectivement, ma vie de joueurs (depuis presque 20 ans maintenant) me rappelle forcement quelques pièces maitresses : The Secret of the Monkey Island, Zelda : a link's Awakening, Metal Gear Solid, Shenmue, Ico.... et bien d'autres...

Mais dernièrement, aussi improbable que m'apparaissait cette rencontre, c'est avec le loup blanc d'Okami que je partagerais des souvenirs marquants.


Bon, ok, la presse a été hunanyme, Okami est un excellent jeu, bénéficiant du savoir faire de virtuoses en la matière. Atsushi Inaba (Viewtiful Joe), Hideki Kamiya (Devil May Cry) et Shinji Mikami (Resident Evil) ont donné le statut de "jeu d'auteur" à ce fleuron d'un studio défunt (Clover Studio a fermé ses porte peu après la sortie du titre) offrant de faux airs de chant du cygne à Okami. Au menu on nous offre donc un panel de "stars" du métier, un design tranchant sec avec les dernières production en vogue (GTA, Gears of War) scandant des messages écologiques et des airs de bonheur innocent, en plus le jeu se paie le luxe de passer pour le nouveau martyr de notre mauvais goût et de la société de consommation en général. Tout un programme.

Il n'en fallait pas plus pour emballer la presse et les curieux. Puisque oui, on ne nous ment pas... Okami n'est pas le fruit branché à la mode qu'il faut à tout prix essayé pour être "hype" sur la toile, c'est juste une oeuvre d'art vidéoludique.



A titre personnel, un certain nombre d'éléments m'ont littéralement aspiré dans l'univers riche et puissant du titre.
L'apparente solidité artistique déjà. On oublie de suite les dialogues dignes d'une tranche d'âge décérébrée dont on a l'habitude. L'humour est fin, plus subtil qu'il n'y parait. Les personnages légers et pourtant si humains derrière leurs pixels cell-shadés.
Le scénario est un travail autant sur le rythme (30h sans une once de répétition... du jamais vu), que sur la forme (des dizaines de lieux à l'architecture complexe, des musiques soulignant à la note prêt les situations paradoxales qui émaillent l'histoire) que sur le fond (quelques formidables moments épiques, une poignée de bravoure, et un inconcevable contrepied à mi-parcours).
Le design enfin. Empruntant élégamment au manga et bien sûr à l'estampe japonaise. D'Hokusai Katsushika pour les décors du jeu à Toriyama Sekien pour le formidable bestiaire de Yokaïs (monstres du folklore japonais) dispércés sur le parcours de notre loup blanc.

le Tsunami d'Hokusai

un Yokaï de Sekien

Le site officiel du jeu Okami
Les gravures de Toriyama Sekien
2779 reproductions des estampes d'Hokusai (et autant de bonheur!!)

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